Voilà vingt ans que Marie Trintignant est morte après avoir été tuée par Bertrand Cantat. Vingt ans qu’elle a été tuée parce que femme. Vingt ans qu’après lui avoir asséné une vingtaine de coups d’une violence inouïe, il l’a laissée mourir agonisante sans chercher à lui porter secours.

Vingt ans qu’à lui, le chanteur star, on trouve des excuses lorsque le monde s’est réveillé avec cette nouvelle : une passion trop forte qui tourne mal, une mauvaise dispute, titraient alors les médias. Des ondes radios aux plateaux télé, des journaux à ces pages de livres, les discours étaient les mêmes : peut-être l’avait-elle cherché, il lui arrivait de boire après tout, de faire la fête, de se croire libre de faire ce que bon lui semblait. Alors que lui, c’était sa vie et sa carrière qui allaient être brisées. 

Il  remontera pourtant vite sur scène alors que Marie, elle, ne bougerait plus de sa tombe. Alors que Kriztina Rády, la compagne de Bertrand Cantat, venait d’en prendre le même chemin, choisissant le suicide plutôt que le quotidien à ses côtés. Des fleurs sur deux pierres tombales. 

Oui, depuis le 1 août 2003, la société a évolué. On ne parlerait plus de ce qu’on nomme maintenant un féminicide de la même manière. La mort de Marie Trintignant a fait changer la manière que l’on a d’appréhender les meurtres perpétrés par des hommes sur des femmes. Mais des centaines de femmes meurent encore chaque année de ces violences patriarcales.

Depuis le début de l’année, 75  femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Et combien sont encore ignorées ? Où sont les politiques publiques promises pour venir à bout de ces féminicides ? Où sont les deux milliards demandés par les associations féministes pour enfin lutter contre les violences faites aux femmes ? 

Nous pensons aujourd’hui à Marie Trintignant, à ses proches. Nous pensons aussi à celles et ceux qui n’ont rien laissé passer depuis cette triste nuit de 2003 à Vilnius, à la force qu’il  leur a fallu pour se dresser contre une société sexiste.

EELV demande une fois de plus, et tant qu’il le faudra, un investissement réel contre les violences sexistes et sexuelles pour des moyens dédiés à la prévention, l’éducation au consentement, la formation de la police et de la justice et l’accueil et le soutien aux victimes. 

Pour Marie, pour toutes les victimes de féminicides, nous continuerons à mener ce combat pour une société plus juste et égalitaire.

Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-parole
La commission féministe d’Europe Écologie Les Verts