Adoptée par le Conseil fédéral d’Europe Écologie Les Verts des 19 et 20 septembre 2020

Exposé des motifs

Le dérèglement écologique du monde est désormais une criante réalité. Réchauffement climatique, épuisement des ressources, pandémie, méga feux, disparition de la biodiversité… les signes sont nombreux de la souffrance de notre planète et de ses habitants.

 Le système capitaliste libéral extractiviste est en grande partie à l’origine de ce dérèglement et la mondialisation hyper concurrentielle, la course au profit, en aggrave tous les jours les conséquences.

Les effets de l’obsession productiviste pour le toujours plus, toujours plus vite, malgré les tentatives d’aménagement de la sociale démocratie, aboutissent aujourd’hui à un creusement inédit des inégalités entre ceux qui possèdent, qui sont connectés, qui consomment, et ceux qui n’ont rien, qui sont invisibles.

Les premiers polluent, détruisent les ressources et le vivant, les seconds arrivent au mieux à survivre. La lutte pour la protection de la vie sur Terre est aussi une lutte pour une plus juste répartition des richesses. Nous devons penser une économie du partage et de la sobriété au service du plus grand nombre et de la protection de notre environnement.

La crise du coronavirus révèle l’extrême vulnérabilité de nos sociétés, la fragilité de leur système de santé publique malmené par des décennies de politique austéritaire. Elle a accentué la prise de conscience de cette fragilité de nos sociétés construites sans respect ni harmonie avec la nature dont nous faisons partie.

Cette prise de conscience avait déjà fortement progressé du fait des manifestations de la crise climatique, et de la biodiversité. Une grande partie de nos concitoyen.nes sont aujourd’hui acquis-es à la nécessité d’agir et remet en question notre système économique et social.

De plus en plus se disent : «la planète est en train de devenir une étuve, nos ressources naturelles s’épuisent, la biodiversité fond comme la neige au soleil, et on s’évertue à entretenir, voire à réanimer le modèle économique, marchand, qui est la cause de tous ces désordres ».

Ces citoyen-nes sont désormais potentiellement porteur-ses d’un projet franchement écolo ; preuve en est, ces 150 personnes tirées au sort de la convention citoyenne pour le climat, qui ont compris en quelques mois, la nécessité d’un changement radical de système.

Gilets Jaunes, marches climats, convention citoyenne, on ne peut plus faire de la politique comme avant. Les femmes et les hommes politiques ne sont plus des sachants, énonçant leurs vérités absolues par des effets de manche depuis leurs tribunes. Nous ne croyons pas à la rencontre d’un homme (c’est toujours un homme) providentiel et du peuple français, nous sommes au contraire convaincus de l’absolue nécessité d’une démarche collective fondée sur une construction et ouverte d’un projet pour notre pays.

Les progrès de l’abstention à chaque scrutin doivent être pour nous une leçon d’humilité et un motif d’inquiétude. Nous voulons une démocratie accessible à chaque habitant.e de notre pays, une République profondément transformée qui tiennent compte de la diversité de ses territoires et de ses cultures pour l’enrichir

Nous voulons porter au niveau européen et mondial une exigence forte de renforcement des outils de gouvernance démocratique au service du vivant et de la justice sociale. 

Redonner confiance à la politique, redonner l’envie de s’intéresser aux affaires publiques ne passe pas par la simple désignation de candidat-es, aussi clairvoyant-es et pertinent-es fussent-ils. Cela passe par créer les conditions d’offrir à chaque citoyen-ne la possibilité de s’engager en politique. Les élections municipales l’ont montré : les élections peuvent être gagnées par celles et ceux qui rassembleront autour d’un projet de véritable transition écologique et sociale. Mais cela nécessite d’abord de favoriser l’expression et la mobilisation citoyenne. Ensuite de ne pas céder à la logique du présidentialisme

Nous sommes entrés dans une décennie critique qui implique que nous engagions de toute urgence la transition écologique de nos sociétés. A ce titre, les élections présidentielles et législatives de 2022 sont des étapes essentielles que nous ne devons pas rater. C’est pourquoi toutes les conditions doivent être réunies pour permettre un vaste rassemblement des écologistes et des gauches, des forces syndicales, associatives, des jeunes et des militants du quotidien, de celles et de ceux qui marchent pour le climat, qui luttent contre le racisme ou qui défendent la cause animale, des mouvements féministes ou décoloniaux…

Nous ne parviendrons pas à gagner si nous ne parvenons pas à nous unir. 

Les citoyen-nes ne comprendraient pas que les organisations qui ont mis l’écologie, le social et la démocratie, au cœur de leur projet, se dispersent au lieu de se rassembler. Nous devons montrer l’exemple. »

Durant ces 2 couples d’élections de mars 21 et mai-juin 22, ce sont les mêmes électrices et électeurs que nous devons inviter : à se mobiliser pour être actrices et acteurs des mobilisations environnementales et sociales que vont nécessiter l’accentuation des crises qui s’annoncent et vont s’amplifier ; à se mobiliser pour construire ensemble, à partir de leurs territoires, à partir de leur préoccupations quotidiennes , un projet collectif de transition écologique et sociale pour les élections territoriales , puis pour les élections nationales.

Nous engageons ce travail pour les prochains mois, de façon transparente et participative, afin de présenter en juin prochain ce qui sera notre projet pour les échéances de 2022.

Nous avons à cœur de partager largement ce travail, à l’écoute des françaises et des français, à l’écoute d’autres initiatives porteuses des mêmes valeurs. Nous sommes prêts à construire ensemble, nous serons prêts à gouverner ensemble

Les citoyen-nes que nous appelons à se mobiliser ne comprendraient pas que les organisations de l’écologie, se dispersent, au lieu elles-mêmes de se rassembler. Nous devons montrer l’exemple.

Conformément à la motion du congrès de Saint Denis du 30 novembre 2019, nous devons rassembler l’écologie politique dans une maison commune de l’écologie. Le pôle écolo, qui réunit à ce jour 6 formations politiques ( AEI, Cap21, EELV, Génération écologie, Génération.s et le MdP) préfigure cette maison commune. Ces 6 formations du pôle écolo se sont engagées au niveau national , par le biais de l’appel pour des régions écologistes, citoyennes et solidaires (accessible ) à faire émerger les mobilisations citoyennes pour l’écologie durant l’ensemble des séquences électorales à venir .

Motion

Le conseil fédéral décide :

De soutenir fortement la mobilisation citoyenne pour les élections régionales et départementales, conformément à la motion votée en juillet dernier, en l’appuyant par un dispositif national ;

De mandater le bureau exécutif, pour poursuivre le travail de construction de la Maison commune de l’écologie politique dépassant EELV ;

– De mandater le Bureau Exécutif, en lien avec les partenaires du Pôle écolo, pour engager des discussions avec l’ensemble des initiatives et des forces qui s’écologisent : les gauches, les organisations syndicales, associatives, les mouvements et tou.te.s les citoyen.ne.s, afin de travailler à la construction d’un projet écologiste, social, démocratique commun. Les axes majeurs du projet seront présentés au printemps prochain ;

– D’étudier sur la base de ce projet la construction une majorité parlementaire et une candidature écologiste commune à l’élection présidentielle de 2022 ;

– À l’issue de ce travail de construction collectif, la désignation de la personne candidate écologiste à la présidentielle sera organisée entre juin et septembre 2021 ; les modalités de cette désignation seront arrêtées au plus tard en avril 2021, en concertation avec les partenaires du pôle écolo, ainsi que ceux mobilisés dans la perspective de cette candidature écologiste.

Pour : 82 ; blanc : 5 ; contre : 29.



Retour sur les motions adoptées par le Conseil fédéral d’Europe Écologie Les Verts des 11 et 12 juillet 2020