Exposé des motifs

Nous sommes à la croisée des chemins : l’écologie ou la barbarie.

Le débat des présidentielles va nous offrir l’opportunité d’imaginer une nouvelle société. Une société bienveillante, enthousiasmante et mobilisatrice, qui donne du sens à la vie, repousse les idéologies mortifères. Qui s’appuie sur un nouveau modèle écologique, économique et démocratique, à construire collectivement.

Un nouveau modèle économique, car le cycle qui a débuté après la 2nde guerre mondiale est épuisé. Il n’y aura pas de retour de la croissance. La réalité physique l’a emporté sur la virtualité économique. Pour tenter de survivre le vieux modèle détruit de plus en plus rapidement la nature, les liens qui relient entre eux les êtres humains et les liens qui relient les êtres humains et la nature.

Notre espèce est dans une trajectoire de suicide collectif. Il est inexorable si nous ne changeons pas, ici et maintenant, de modèle économique. Ce changement peut nous être imposé par une élite aux abois. Il peut aussi se construire démocratiquement avec les citoyens, dans le cadre d’un nouveau modèle, plus local, horizontal, direct, associant au quotidien le plus grand nombre de citoyennes et de citoyens.

Une nouvelle civilisation est en train d’accoucher dans le cadre d’une « crise » globale, systémique ou chaque crise s’autoalimente et alimente les autres. Le pire ou le meilleur peuvent en sortir en fonction de nos choix d’aujourd’hui. Si nous voulons que les générations futures, nos enfants et petits enfants, puissent avoir un avenir, nous avons 15 ans à partir de maintenant, pour changer radicalement de modèle économique et démocratique,

… il est probable qu’on se casse la gueule. Même si le pire n’est jamais certain. Je ne m’appelle pas Madame Soleil, mais si je voulais m’amuser à faire des prévisions, je pourrais dire qu’on risque de vivre un mélange entre le délitement de Rome, qui a pris des décennies, et le XIVème siècle, quand se sont déroulés à la fois la guerre de Cents Ans, le petit âge glaciaire et la peste noire qui a fait des ravages et a occis un tiers de la population affamée… Un mélange de ce type nous pend au nez.

Dominique Bourg, philosophe, Vice Président de la Fondation Nicolas Hulot

Par rapport à ce qu’il aurait pu être cet accord est un miracle, par rapport à ce qu’il aurait du être c’est un désastre. Si les promesses des Etats suite à la COP 21 sont tenues nous aurons 3° à 3,5° d’augmentation de température. C’est beaucoup trop. Nous ne pouvons consommer que 30 % des réserves connues d’énergies carbonées, sinon nous dépasserons les 2° d’augmentation. Or notre modèle économique repose sur une énergie disponible et bon marché. Elle doit rapidement devenir rare et chère. Nous saurons que le marché aura intégré cette information, le jour où les multinationales du pétrole auront perdu 80 % de leurs valeurs. Elles reposent sur leurs stocks.

Les pollutions se multiplient. Deux décès sur trois dans le monde sont le fait des maladies chroniques (cardio-vasculaires, respiratoires, cancers, diabètes…). Le cancer touche un homme sur deux et deux femmes sur cinq. Les couts générés font exploser les systèmes de santé

Nous sommes confrontés à la 6ème crise d’extinction des espèces. Elles disparaissent à un rythme 100 à 1 000 fois supérieure à la période préindustrielle. La nature est notre assurance vie. Il n’y a pas d’avenir pour l’espèce humaine si nous continuons à détruire la vie, à détruire la nature. Nos destins sont liés.

Depuis la 2nde guerre mondiale la croissance baisse en moyenne de un point par décennie : 5, 4, 3, 2, 1, 0, -1, -2…, nous en sommes actuellement à environ + 0,5°. Elle sera négative en moyenne à partir de 2020. Depuis 2008 les masses financières en circulation aux USA ont été multipliées par 3. 97 % de celles qui circulent sur la planète sont de la spéculation. Loin de l’économie réelle, on fait de l’argent avec de l’argent. Des bulles financières gonflent. Elles vont exploser dans les prochains mois ou les prochaines années, avec en perspective des crises du type de celle de 2008, avec une puissance 2 ou 3 et de graves conséquences économiques et sociales.

La classe politique est totalement décrédibilisée. 14 % des français font encore confiance aux partis. Le FN et l’abstention progressent régulièrement. Les attentats terroristes se multiplient. L’état d’urgence s’installe. Les libertés publiques régressent.

Du fait des progrès de l’informatisation et de la robotisation, 50 % des emplois risquent de disparaitre dans les 20 prochaines années. Après la disparition des emplois des classes populaires délocalisées en Chine, ce sont maintenant les emplois de la classe moyenne.

Le rapport du Club de Rome de 1972 piloté par Dennis Meadows du MIT, intitulé Halte à la croissance ? a été réactualisé en 2002, sa conclusion en a été : tout se déroule comme prévu pour que survienne le désastre. La population mondiale se stabiliserait en 2030 pour ensuite régresser. Nous en connaissions les modalités : guerres, famines et maladies.

… la catastrophe est probable, mais il y a l’improbabilité. J’entends par « probable », que pour nous observateurs, dans le temps où nous sommes et dans les lieux où nous sommes, avec les meilleures informations disponibles, nous voyons que le cours des choses nous emmène à toute vitesse vers les catastrophes. Or, nous savons que c’est toujours l’improbable qui a surgi et qui a « fait » la transformation. Car aujourd’hui existent des forces de résistance qui sont dispersées, qui sont nichées dans la société civile et qui ne se connaissent pas les unes les autres. Mais je crois au jour où ces forces se rassembleront, en faisceaux. Tout commence par une déviance, qui se transforme en tendance, qui devient une force historique. Nous n’en sommes pas encore là, certes, mais c’est possible.

Edgar Morin, philosophe et sociologue

Le modèle économique actuel ne profite qu’à une élite restreinte. Les multinationales n’existent que grâce à notre soutien, si nous n’achetons plus leurs produits elles disparaissent. La nature des produits que nous achetons détermine le modèle de société dans lequel nous vivons. Nous avons aujourd’hui plus de pouvoir avec notre carte bancaire qu’avec notre bulletin de vote.

Inspirons nous des inventeurs de l’économie sociale, souvent des syndicalistes, qui à la fin du 19ème, au début du 20ème, pour satisfaire des besoins sociaux cruciaux non couverts par les pouvoirs publics, encore moins par les entreprises, ont inventé les coopératives, les mutuelles, les associations. Elles pèsent aujourd’hui 10 % de l’économie et des emplois français.

L’écologie politique avait 20 ans d’avance, elle a maintenant 20 ans de retard. Retrouvons la vitalité intellectuelle et l’énergie créatrice de ces inventeurs. Mettons l’écologie politique à leur service. Nous avons un défi crucial à relever, changeons de paradigme, de logiciel, de vision du monde… Soyons des acteurs clés de ce changement de civilisation.

Motion

Le Conseil Fédéral d’EELV réuni les 8 et 9 juillet 2016 décide :

que dans le cadre de la campagne électorale des présidentielles, EELV mobilisera l’ensemble du parti, ses élu.e.s, l’ensemble de la société civile écologique (citoyens, universitaires, activistes associatifs, entrepreneurs et élu.e.s locaux…) sur la reconstruction collective et écologique d’une nouvelle économie et d’un modèle démocratique renouvelé et relocalisée ;

d’appliquer la permaculture à l’économie : prendre soin de la planète, prendre soin de l’espèce humaine, produire et partager. Les règles de cette nouvelle économie sont de bénéficier au territoire où elle se trouve, de rendre nos lieux de vie plus résilients, de produire peu de carbone, d’économiser les ressources, qu’elle soit gagnante à la fois pour l’entrepreneur et le collectif et si possible coopérative, créant du lien social, des réseaux qui impliquent le plus grand nombre possible de personnes et de structures ;

de poursuivre sa lutte CONTRE les grands projets inutiles mais en parallèle d’agir concrètement comme militant-e, comme élu-e, POUR construire localement, individuellement et collectivement, les alternatives, le monde écologique de demain, de contribuer activement à la création d’un écosystème résilient d’entreprises de petite taille, qui reconnecte les gens avec leur territoire, qui raconte une histoire différente, qui dessine un futur positif. Les énergies vertes, l’agriculture relocalisée… offrent un potentiel considérable de création d’emplois qui répondent aux enjeux majeurs de notre société ;

de travailler à la convergence des initiatives, à l’atteinte de la masse critique qui fera que ce qui aujourd’hui parait impossible, paraîtra demain évident.

Pour : 34 ; Contre : 19 ; Blancs : 10 ; Nppv : 0

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